L'appel à la Virginité Consacrée semble retentir d'une manière nouvelle depuis quelques temps.
Aussi, nous avons tenté, à travers ce site, de rendre plus accessible cette vocation si belle et particulière que l'Eglise Catholique propose aujourd'hui.
Nous espérons qu'il répondra à vos attentes concernant
l'histoire de cette vocation,
son actualité pour notre monde actuel,
ou encore le rituel de la consécration.
Vous y trouverez enfin des références d'ouvrages sur le sujet.
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Un peu d'histoire
On peut dire, de manière très résumée, que l'histoire de la vie consacrée comprend quatre périodes différentes.
La première période va principalement des origines chrétiennes au IVe siècle. C'est le temps de la découverte et de la mise en place de la vie consacrée. Rappelons d'abord que, dans l'Antiquité grecque et romaine, le don absolu d'une femme à Dieu dans le célibat est considéré comme anormal et incompréhensible. II y a bien sûr le cas des Vestales romaines, mais c'est plutôt un contre-exemple dans la mesure où elles sont maintenues par la force dans cet état jusqu'à l'âge de 40 ans. Dans le monde juif, ce qu'on demande à une femme, c'est d'être mariée et d'avoir des enfants, spécialement des garçons, afin de perpétuer la famille. II est impensable qu'une femme demeure célibataire et, pour une femme mariée, ne pas avoir d'enfants est considéré non seulement comme un déshonneur, mais comme une malédiction de Dieu.
Tout change avec le Christ et la Vierge Marie. Jésus est demeuré célibataire dans un don absolu au Père d'une part et aux hommes d'autre part. Sa mère, Marie, dès avant l'Annonciation, a reçu un appel de Dieu à se consacrer à lui dans la virginité. C'est la raison pour laquelle, quand l'ange lui apparaît et lui annonce qu'elle mettra au monde le Sauveur, elle lui fait cette objection : « Comment cela se fera-t-il puisque je suis vierge ? » Cela sous-entend que Marie souhaite le rester, puisque cette demande lui a été faite antérieurement par Dieu. La virginité est comme constitutive de Marie, elle est la manifestation de son don complet au Seigneur. Or, dès la première génération chrétienne, comme nous le voyons dans saint Paul, des jeunes filles désirent vivre cet état de virginité. Elles le font certes parce qu'elles attendent, au début, la venue imminente du Royaume, mais aussi parce que l'exemple du don de Marie les encourage. Et c'est ainsi que naît la virginité consacrée dans la primitive Église. Celle-ci est aussitôt reconnue par l'Église. On la protège, on la met à l'honneur, par exemple en lui donnant une place d'honneur dans les cérémonies liturgiques ; on lui consacre des traités, dont les plus connus sont ceux de Tertullien et de saint Ambroise. Des hommes, appelés les « continents», vivent rapidement le même charisme. Leur exemple inspirera plus tard le célibat sacerdotal.
Pour bien comprendre l'importance de la virginité (et plus largement de la chasteté) consacrée, il faut ici faire une remarque. Dans l'histoire de l'Église, Dieu utilise à certains moments, pour faire avancer les hommes, tel ou tel type de sainteté. C'est comme une locomotive qui tracte le reste du train. Aux origines chrétiennes, les grands modèles sont les saints martyrs, les saints évêques, les vierges consacrées. Ils ont comme une valeur prophétique. II est certain que la virginité consacrée est tellement inattendue dans le monde antique, tellement éloignée de la sexualité environnante, qu'elle a une force de provocation. Qu'une jeune fille accepte de rester vierge, le désire même de tout son coeur, c'est incompréhensible pour les païens. Alors une question se pose à eux : si ces femmes sont heureuses comme cela, quelle est la source de leur bonheur ? Vivre avec Jésus, «épouser le Christ », peut donc donner un sens si fort à la vie ? Le Christ serait-il vraiment vivant ?Par leur seule existence, les vierges consacrées ont donc joué un rôle très fort dans le témoignage et dans l'évangélisation du monde antique.
Au IVe siècle commence une seconde période la période monastique. Au cours de ce siècle, le monde romain se convertit au christianisme. Les moeurs chrétiennes sont de plus en plus acceptées parla société. La pureté est mise en valeur. Dès lors, vivre célibataire dans le monde perd, en quelque sorte, de sa force exemplaire, de son rôle de «provocation ». Ceux qui veulent vivre une vie différente quittent alors la société normale et se réfugient dans les déserts. C'est la naissance du monachisme, avec saint Antoine et saint Pacôme, en Égypte. Très vite, des femmes vivent le même idéal. Quand plus tard saint Benoît fonde au Mont Cassin un monastère d'hommes, sa soeur sainte Scholastique établit parallèlement un monastère de femmes. C'est l'origine des milliers de maisons contemplatives de femmes qui couvriront la planète. Le charisme de fondation est alors « la vie parfaite » par la fuite du monde. On vit sous d'autres lois synthétisées par la pratique des trois voeux de chasteté pauvreté et obéissance. Cette opposition monde-vie parfaite sera systématisée par différents auteurs, comme saint Bernard. L'évangélisation se fait indirectement. Les moines sont une référence, un exemple, mais, en principe, ils ne s'attaquent pas directement à la conversion des gens. Pour les hommes, il faudrait introduire mille nuances dans cette affirmation, mais elle est valable davantage pour les femmes. Quand, aux XIIe et XIIIe siècles, on commence à créer des ordres destinés spécifiquement à l'évangélisation, comme les Prémontrés, puis les Mendiants (Dominicains, Franciscains, etc.), leurs branches féminines restent cloîtrées. Les hommes prêchent, les femmes prient.
Au XVIe et XVIIe siècles, commence une troisième période : celle des « congrégations », c'est-à-dire des communautés de femmes de vie active, d'évangélisation « directe ». Avec sainte Angèle de Mérici fondatrice des Ursulines, puis saint Vincent de Paul, fondateur des Filles de la Charité, on affirme que les femmes peuvent vivre chastement dans le monde, et non plus seulement dans les cloîtres, en menant à la fois une vie de sainteté et de service. La vie monastique se rapproche ainsi de la société et se transforme.
On garde les trois voeux, mais on les adapte. C'est l'origine des centaines de congrégations de vie active qui ont chacune, en principe, un rôle spécifique catéchèse, action auprès des malades, enseignement, etc. Il continue à s'en fonder aujourd'hui : un bon exemple est constitué par les Missionnaires de la charité de Mère Teresa.
La quatrième période commence après la Seconde Guerre Mondiale. Depuis l'entre-deux-guerres, on s'apercevait que le Catholicisme et la société civile s'éloignaient l'un de l'autre. La question était donc : comment évangéliser de nouveau cette société ? On estima alors qu'il fallait rapprocher la vie religieuse des hommes. Ce fut la raison de la naissance des Instituts séculiers, après 1945, dont Notre-Dame de Vie est un exemple en France. Mais, après le Concile de Vatican II, une nouvelle étape fut franchie en plusieurs lieux du monde en même temps, sans aucune coordination humaine. Ce fut la naissance des communautés nouvelles, comportant des hommes et des femmes vivant une vie consacrée dans le monde, avec le soutien de leur communauté.
En somme, cette évolution est logique. Nous nous trouvons devant un monde redevenu largement païen. Dieu ne peut pas abandonner ce monde ni démissionner devant son évolution. Pour le réévangéliser, il redonne à son Église les grâces mêmes des origines chrétiennes, comme on peut les voir vivre par exemple dans le Renouveau charismatique. Aujourd'hui, quand une fille ou un garçon se consacre dans le célibat, ils sont de nouveau pour les hommes, un signe très fort, qui retrouve sa valeur de « provocation », d'interrogation. S'ils vivent joyeusement cette vie d'union avec Dieu, ils manifestent aux hommes la présence du Christ au centre même de leur existence.
Les nouvelles formes de vie consacrée sont donc une marque de la miséricorde de Dieu pour le monde qui est le nôtre. Plus le monde s'éloigne de Dieu, plus il se perd dans des voies sans issue, plus Dieu veut le sauver. Mais Dieu ne sauve pas les hommes sans les hommes eux-mêmes. C'est pourquoi, plus que jamais, l'appel de Dieu retentit pour les communautés anciennes et les communautés nouvelles demandant à des garçons et à des filles « Veux-tu me suivre en me donnant tout, dans un célibat consacré pour la manifestation du Royaume de Dieu et l'évangélisation du monde ? »
Père Bernard Peyrous
La Virginité Consacrée aujourd'hui
La réforme liturgique du Concile Vatican II a ouvert de nouveau la possibilité à des femmes de vivre dans le monde comme Vierges Consacrées.
L'ordre des Vierges Consacrées n'a pas d'autres fondateurs que l'Eglise elle-même, qui a puisé son inspiration dans le mystère de Marie. Cette vocation est avant tout ecclésiale.
A la différence des autres ordres religieux, " l'ordo virginum " n'a ni règles ni structures communautaires.
Les vierges consacrées sont reconnues par le droit canon, à côté des moniales, religieuses, ermites et membres d'instituts séculiers : " A ces formes de vie consacrée s'ajoute l'ordre des Vierges : se proposant de suivre le Christ d'une manière plus pressante, elles sont consacrées à Dieu par l'Evêque du diocèse, selon le rite liturgique approuvé, elles sont épousées mystiquement au Christ Fils de Dieu et dédiées au service de l'Eglise ". La Consécration est publique.
Les Vierges Consacrées vivent dans le monde " sans être du monde ". En France, elles sont aujourd'hui environ 400 et de plus en plus nombreuses dans divers pays.
Qu'est ce qu'une Vierge Consacrée ?
Ce qu'elle est
Une femme consacrée à Dieu, comme épouse du Christ, au service de l'Eglise. C'est l'Evêque qui la consacre par un rite liturgique public et solennel dans un état de vie définitif.
Vierge
parce que l'Eglise est vierge, cette vocation est virginale
" Je vous ai fiancés à un Epoux unique comme une vierge pure à présenter au Christ. "
(2 Co 11,2)
celle qui reçoit la consécration s'engage, par " une décision irrévocable ", scellée par le rite liturgique à " vivre dans la virginité perpétuelle ". Un tel choix demande un engagement sans réserve à la suite du Christ, selon la radicalité de l'Evangile.
Epouse
parce que le Christ aime l'Eglise son Epouse, cette vocation est sponsale.
" Ton Seigneur t'épousera " (Is 62,5)
La vocation de la Vierge Consacrée est de se laisser épouser par le Christ, d'où l'anneau qui lui est passé au doigt. Elle devient alors " signe transcendant de l'Amour de l'Eglise pour le Christ son époux " et image du Royaume à venir. Toute son existence s'ordonne désormais à cette fin et tout lui devient occasion de signifier concrètement l'Alliance de Dieu avec son Peuple.
Mère
parce que l'Eglise est mère, cette vocation est maternelle.
" Pousse des cris de joie, toi qui n'a pas enfanté selon la chair : plus nombreuses sera ta postérité " (Is 54,1)
A la suite de la Vierge Marie, la vierge consacrée recherche sans cesse à accomplir la volonté du Père et s'ouvre ainsi à une fécondité spirituelle.
Ce qu'elle vit
Une vie de prière
" L'Esprit et l'Epouse disent : viens ! Maranatha ! " (Ap 22,17)
La fonction première de la vierge consacrée est la prière.
Parce que l'Eglise veille et attend son Seigneur, la consécration des vierges est un appel à hâter, dans une confiance vigilante, " la venue du Seigneur dans sa gloire " (Mt 25,31)
Au cours de la célébration, l'Evêque lui remet le livre de prière de l'Eglise (liturgie des Heures).
Au coeur même de l'Eglise
" Le zèle pour ta maison me dévore " (Ps 69,10)
La consacrée n'entre pas dans une structure nouvelle. Sa communauté n'est autre que son diocèse dont elle partage la vie ecclésiale. La consécration instaure un lien nouveau entre celle qui la reçoit et l'évêque du diocèse. Ce lien est d'ordre spirituel et canonique.
Quelle que soit la manière dont la vierge consacrée est insérée dans le diocèse, elle sait que sa prière et sa mission s'étendent aux dimensions du monde, qui sont celles de l'Eglise universelle.
Dans un esprit de service
" Ton épouse : une vigne fructueuse " (Ps 128,3)
Les vierges consacrées sont " vouées au service de l'Eglise ". il s'agit d'un " service " en harmonie avec la vocation personnelle de chacune. Elles travaillent à l'annonce de l'Evangile et au service de leurs frères selon leurs charismes respectifs, dans une grande diversité d'âges, de situations et professions, de spiritualités et mouvements d'Eglise.
Comment devenir Vierge Consacrée ?
La vocation de la candidate est authentifiée par l'appel de l'Evêque. Il lui appartient de vérifier sa maturité humaine et spirituelle lui permettant d'assumer une certaine solitude ainsi que son autonomie matérielle et son insertion dans l'Eglise.
Pour mener à bien sa vocation, la Vierge Consacrée a besoin d'un approfondissement de la Parole de Dieu et de la tradition de l'Eglise, des vérités de la Foi et des grands textes du magistère. Il peut donc être intéressant de se renseigner sur les formations proposées aux laïcs dans les diocèses, ou encore, si aucune formation ne peut être suivie à cause des différentes contraintes liées à la vie matérielle de la Vierge Consacrée, de suivre une formation par correspondante.
L' accompagnement spirituel est nécessaire, car la Vierge Consacrée vit dans une certaine solitude et cet état de vie, s'il est mené seul, peut représenter un danger réel de dérive.
Enfin, afin de ne pas perdre de vue l'essentiel, il est bon de pouvoir prendre des temps réguliers de ressourcement, dans des lieux adaptés
Déroulement de la Consécration
Cette consécration est conférée par l'Evêque du diocèse. Elle a lieu normalement un jour festif, et au cours d'une Eucharistie. Elle est notifiée dans le registre prévu à cet effet et conservé aux archives de l'évêché.
Voici le déroulement :
Rite d'entrée
Après la salutation initiale, l'évêque peut brièvement présenter à l'assemblée celle qui a demandé à recevoir la consécration des vierges.
Puis la messe se déroule comme à l'ordinaire jusqu'à la liturgie de la parole où cette prière est prononcée :
Dieu qui a inspiré à notre seour
Le désir de garder la virginité,
Daigne achever en elle ton eouvre.
Pour que son offrande soit parfaite,
Donne-lui de rester fidèle jusqu'au bout.
Par Jésus Christ.
La Liturgie de la Parole se déroule ensuite normalement. L'Evêque prononce ensuite son homélie.
Rite de la Consécration
Appel et Dialogue
L'Evêque appelle la candidate qui répond : "me voici". Puis suit un dialogue entre l'Evêque et la candidate :
L'Evêque :
Voulez-vous persévérer toute votre vie dans votre résolution de virginité consacrée au service du Seigneur et de son Eglise ?
La candidate : Oui, je le veux.
L'Evêque :
Voulez-vous suivre le Christ selon l'Evangile de telle sorte que votre vie apparaisse comme un témoignage d'amour et le signe du Royaume à venir?
La candidate : Oui, je le veux.
L'Evêque :
Voulez-vous être consacrée au Seigneur Jésus Christ, le fils du Dieu Très-Haut, et Le reconnaître comme votre Epoux ?
La candidate : Oui, je le veux.
Suit la litanie des Saints, conclue par la prière suivante prononcée par l'Evêque :
Ecoute Seigneur, ton Eglise en prière :
dans ton amour,
prends pitié de celle que tu as appelée;
conduis-la dans la voie du salut, et pour qu'elle désire ce qui te plait
et soit toujours vigilante pour l'accomplir.
Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.
La décision de virginité
La future Vierge Consacrée se met à genoux, plaçant ses mains dans celles de l'Evêque et dit :
Père, avec la grâce de Dieu,
je professe devant vous et devant l'Eglise,
ma décision irrévocable de vivre dans la chasteté
et de suivre le Christ.
Recevez mon engagement,
et donnez-moi, je vous prie,
la consécration.
Prière solennelle de la consécration des vierges
L'Evêque, les mains étendues, dit la prière de la consécration (on peut omettre ce qui est entre parenthèses)
Seigneur notre Dieu,
toi qui veux demeurer en l'homme,
tu habites ceux qui te sont consacrés,
tu aimes les coeurs libres et purs.
Par Jésus Christ ton Fils,
lui par qui tout a été fait,
tu renouvelles en tes enfants ton image
déformée par le péché.
Tu veux non seulement
les rendre à leur innocence première,
mais encore les conduire
jusqu'à l'expérience des biens du monde à venir;
et dès maintenant,
tu les appelles à se tenir en ta présence
comme les anges devant ta face.
Regarde, Seigneur, noter soeur N. :
en réponse à ton appel,
elle se donne toute entière à toi;
elle a remis entre tes mains
sa décision de garder la chasteté
et de se consacrer à toi pour toujours.
(Comment un être de chair
pourrait-il en effet,
maîtriser les appels de la nature,
renoncer librement au mariage,
et s'affranchir des contraintes de toute sortes,
si tu n'allumes ce désir, Seigneur,
si tu n'alimentes cette flamme
et si ta puissance ne l'entretient ?)
Sur tous les peuples, tu répands ta grâce;
Et de toutes les nations du monde
Tu te donnes des fils et des filles,
Plus nombreux que les étoiles dans le ciel,
Héritiers de la nouvelle Alliance,
enfants nés de l'Esprit,
et non pas de la chair et du sang.
Et parmi tous les dons ainsi répandus,
Il y a la grâce de la virginité :
Tu la réserves à qui tu veux.
C'est, en effet, ton Esprit Saint
Qui suscite au milieu de ton peuple
Des hommes et des femmes
Conscients de la grandeur et de la sainteté du mariage
Et capables pourtant de renoncer à cet état
Afin de s'attacher dès maintenant
A la réalité qu'il préfigure :
L'union du Christ et de l'Eglise.
(Heureux ceux qui consacrent leur vie au Christ
et le reconnaissent
comme source et raison d'être de la virginité.
Ils ont chois d'aimer
Celui qui est l'époux de l'Eglise
Et le Fils de la Vierge Mère !)
Accorde, Seigneur, ton soutien et ta protection
A celle qui se tient devant toi, et qui attend de sa consécration
Un surcroît d'espérance et de force :
Que jamais l'esprit du mal,
Acharné à faire échec aux desseins les plus beaux,
Ne parvienne à ternir l'éclat de sa chasteté,
Ni de la priver de cette réserve
Qui doit être aussi la richesse de toute femme.
Par la grâce de ton Esprit Saint,
Qu'il y ait toujours en elle
Prudence et simplicité,
Douceur et sagesse,
Gravité et délicatesse,
Réserve et liberté.
Qu'elle brûle de charité
Et n'aime rien en dehors de toi;
Qu'elle mérite toutes louanges
Sans jamais s'y complaire;
Qu'elle cherche à te rendre gloire,
D'un coeur purifié,
Dans un corps sanctifié;
Qu'elle te craigne avec amour,
Et, par amour, qu'elle te serve.
Et toi, Dieu toujours fidèle,
Sois sa fierté, sa joie et son amour;
Sois pour elle
Consolation dans la peine,
Lumière dans le doute,
Recours dans l'injustice;
Dans l'épreuve sois sa patience,
Dans la pauvreté, sa richesse,
Dans la privation, sa nourriture,
Dans la maladie, sa guérison.
En toi, qu'elle possède tout,
Puisque c'est toi qu'elle préfère à tout.
Par Jésus Christ, ton Fils,
Notre Seigneur et notre Dieu,
Qui règne avec toi et le Saint Esprit,
Maintenant et pour les siècles des siècles.
Remise des insignes de la consécration
Les nouvelles consacrées reçoivent alors le voile, si cela convient, l'anneau, le livre de prière de l'Eglise et la lumière.
Suit la liturgie eucharistique puis le renvoi a lieu
Être signe aujourd'hui
Être signe dans l'Eglise
Selon le principe énoncé par le Synode de 1987, et rapporté par Christifideles Laici (n°51) " les femmes participent à la vie de l'Eglise sans aucune discrimination, même pour les consultations et l'élaboration des décisions ". Et même, selon la proposition du Synode, les femmes " doivent être associées à la préparation des documents pastoraux et des initiatives missionnaires, elles doivent être reconnues comme des coopératrices de la mission de l'Eglise, dans la famille, dans la profession, et dans la société civile".
Le Vierge Consacrée, par sa vocation particulière, saura trouver sa place dans les différents conseils laïcs de l'Eglise, pour y apporter sa prudence, sa douceur, son accueil de l'autre ou sa féminité.
Être signe intérieur sans signes extérieurs
La Vierge Consacrée, sans aucun signe distinctif extérieur, est à même d'aller à la rencontre des gens, de ceux qui, pour des raisons diverses cherchent à croire en Dieu sans y parvenir ou s'y refusent. L'absence de signes extérieurs lui permet de les rencontrer en vérité, sans qu'ils aient d'a priori sur elle. Et par son attitude douce, humble, accueillante, à l'image de la Vierge Marie, elle saura les amener petit à petit à découvrir le Christ, Chemin, Vérité et Vie.
En ce sens, la Vierge Consacrée est une chance pour l'Eglise, car elle peut témoigner au sein de l'Eglise de ces rencontres, et par son témoignage, inspirer aux Pasteurs un chemin à suivre pour aller à la rencontre de ces personnes.
Dans le monde sans en être
La Vierge Consacrée vit dans le monde et assume sa vie au même titre que les tous les hommes et les femmes du monde. Elle travaille, paie ses impôts, gère ses biens, etc... Ainsi par cette vie assumée, elle est proche de ceux qui peinent dans leur vie et peut susciter en eux un surcroît de force et d'espérance face aux difficultés qu'ils rencontrent et qu'elle est à même de rencontrer.
La Vierge Consacrée a aussi pour mission de prier. Elle soutient donc, par sa prière, ceux qu'elle rencontre et qui peinent.
Vivre dans la chasteté
La Vierge consacrée vit dans la chasteté. Pour ceux qui la rencontrent et à qui elle dévoile cette vie de chasteté, elle est signe qu'il est possible, dans notre monde actuel où l'épanouissement passe souvent par des plaisirs en tous genres, de trouver son épanouissement dans une vie orientée vers d'autres centres d'intérêt que ceux-là, comme la joie du don de soi dans l'amitié ou la fraternité
Marie comme modèle
Abandon au Seigneur...
"Je suis la servante du Seigneur, qu'il m'advienne selon ta parole" (Lc 1, 38)
Au moment de l'Annonciation, Marie est troublée par la Salutation de l'Ange Gabriel. Pourtant, elle fait confiance au Seigneur sans même bien comprendre. Elle s'abandonne à Lui sans réserve : qu'il me soit fait selon ta parole !
La Vierge Consacrée vit dans ce même abandon au Seigneur, certaine qu'Il sera toujours son secours, même si bien souvent, c'est de manière cachée, dans le secret du cœur.
... et humilité
Marie saisit également que le Seigneur l'appelle dans un esprit de service. Là, encore elle se laisse faire et nous révèle son humilité en disant : "je suis la servante du Seigneur". Cette première parole de Marie fait écho à ce que son Fils dira à ses disciples : "je suis venu pour servir et non pour être servi".
Joie
Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. (Lc 1, 46-47)
Marie, lorsqu'elle court annoncer à sa cousine Elizabeth la Bonne Nouvelle de la venue du Sauveur en son sein, est toute en joie. Comme Marie, vivre de l'amour de Dieu, est pour la Vierge Consacrée une immense source de joie, une véritable jubilation. C'est la joie que l'Esprit Saint donne à celui qui croit que Dieu nous apporte le salut en Jésus-Christ.
... Il s'est penché sur son humble servante (Lc 1, 48)
Paradoxalement, Marie accède à cette grande joie parce qu'elle accepte d'adopter une attitude humble devant le Seigneur. Son Fils le dira par la suite : " qui s'abaissera sera élevé ". Marie vit par avance cette joie et nous invite à y prendre part en nous reconnaissant humble devant le Seigneur.
Silence extérieur et intense vie intérieure
Et sa mère gardait fidèlement toutes ces choses dans son coeur. (Lc 2, 51)
Lorsque ses parents retrouvent le jeune Jésus qui les avait quittés "en douce" pour s'en retourner au Temple, ils ne comprennent ni son attitude, ni la manière dont il se justifie : "ne saviez pas que je dois être dans la maison de mon Père".
Pourtant, Marie "gardait fidèlement toutes ses choses dans son coeur".
Comme Marie, la Vierge Consacrée vit intensément à travers la méditation autour de la Parole de Dieu, par exemple, pour se rendre disponible au Seigneur. Sa vie intérieure est aussi consacrée "fidèlement" à la prière adressée au Seigneur pour les Frères et Soeurs rencontrés chaque jour, dans son travail et ses différentes activités extra-professionnelles. Cette vie intérieure cachée est une caractéristique de la Vierge Consacrée qui vit dans le monde, à la manière du levain dans la pâte, pour la faire lever.
Dans la confiance au Christ
"Tout ce qu'il vous dira, faites-le !" (Jn 2,5)
Durant les noces de Cana, Marie se rend compte qu'il n'y a plus de vin. Elle semble être la première à s'apercevoir de cela. Puis, dans une confiance absolue à son Fils, elle dit aux serviteurs : "Tout ce qu'il vous dira, faites-le !"
Comme Marie, la Vierge Consacrée est attentive aux signes discrets qui traversent sa propre vie, signes qui lui indiquent comment aider ceux qu'elle croise sur son chemin. Et comme Marie aussi, c'est la grande confiance qu'elle place en son Dieu qui lui permet de mener sa vie dans le monde. La confiance est un moteur et un soutien.
Compassion dans la souffrance
Or, près de la Croix de Jésus se tenait sa mère (Jn 19, 25)
A ce moment-là de sa vie, Marie communie à la souffrance de son Fils. Cette communion est silencieuse.
La Vierge consacrée, à l'instar de Marie, sait être proche de ceux qui souffrent. Cette présence peut une écoute attentive, un oeil qui ne juge pas, un coeur qui s'ouvre à la blessure de l'autre. Cette présence est vécue dans l'humilité et dans la prière de demande au Seigneur, qui par amour pour nous mourut sur une croix.
Accueil du prochain
Jésus, voyant sa mère et se tenant près d'elle le disciple qu'Il aimait, dit à sa mère : "femme, voici ton fils". Puis Il dit au disciple : "voici ta mère". (Jn 19, 26-27)
Comme Marie près de la Croix accueillit le disciple que Jésus aimait comme son fils, la Vierge Consacrée doit aussi avoir à coeur d'accueillir celui ou celle qu'elle croise sur son chemin. L'accueil est une attitude qui caractérise le chrétien. La Vierge Consacrée, qui est signe pour tous les Baptisés, est ouverte à l'autre. Car une rencontre vécue dans une attitude d'accueil fait grandir celui qui est ainsi accueilli.
Tous [les apôtres], d'un même coeur, étaient assidus à la prière, avec quelques femmes dont Marie, la Mère de Jésus. (Ac 1, 14)
Comme cela a déjà été dit, la prière est un élément essentiel de la vie de la Vierge consacrée. Et, comme Marie, elle a pour mission de prier avec et pour les pasteurs de l'Eglise, afin de les soutenir et de demeurer en communion avec eux, gardant ainsi ce que commande Jésus : "Demeurez dans mon amour". Cette prière, fidèlement entretenue, permet à l'Eglise d'accueillir l'Esprit Saint et de vivre ainsi d'"un seul cœur .
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Textes officiels
Code de droit canonique 1983, Canon 604.
Rituel de la consécration des vierges, 1976. A.E.L.F., 4 avenue Vavin, 75006 Paris