Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Marie a dit

        "Je ne vous promets pas d'être heureuse dans ce monde mais dans l'autre »

(à Sainte Bernadette, le 18 février 1858).

Texte Libre

dewplayer:c:user\SALIANA\Pictures\cloches_complet.mp3&

23 septembre 2012 7 23 /09 /septembre /2012 16:16

 

philomene 003
En 1961, suite à un décret émis par la Sacrée Congrégation des Rites, Sainte Philomène, Vierge et Martyre, se voit rayée de tous les calendriers liturgiques de l'Eglise Universelle. Qui est donc Sainte Philomène, et pourquoi cette suppression ?

C'est en effectuant des fouilles dans la catacombe de Priscillia à Rome le 25 mai 1802, qu'on fit la découverte de sa tombe. Trois blocs portaient l'inscription suivante en plomb rouge : "LUMENA PAXTE CUM FI", entourés par des caractères symboliques chrétiens : une palme, trois flèches, une fleur et une ancre. En modifiant l'ordre des blocs, on obtenait : "PAXTE CUM FILUMENA", soit : "La Paix soit avec toi, Philomène", ce dernier nom signifiant "Bien aimée" (du grec Phileo : aimer), ou d'après la racine latine "Fille de la lumière" (Filia luminis).
Derrière la cloison, on découvrit les ossements qu'on identifia comme étant ceux d'une jeune fille de 13 à 15 ans. Les archéologues découvrirent également, noyée dans le ciment, une petite fiole de sang à demi brisée, petit vase habituellement joint par les premiers chrétiens aux tombes des martyrs.
Philomène, jeune martyre des premiers siècles de l'ère chrétienne, était né.

Depuis, l'archéologie a conclu de façon certaine que ces ampoules dans les tombes n'indiquaient pas nécessairement le martyre, et que les sacristains du IV° siècle avaient la coutume de modifier l'ordre des pierres tombales anciennes, pour signifier que le sépulcre avait été réemployé pour une autre personne.

Sainte Philomène, vierge et martyre du 1° ou 2° siècle, n'aurait-elle donc jamais existé ?

Que penser alors de tous ces miracles liés à ses reliques, dont la guérison de Pauline Jaricot n'est pas des moindres ?

Que penser de l'attachement du curé d'Ars pour cette petite Sainte, si chère à son cœur ?

Que penser des révélations dont aurait été gratifiée en août 1833 Mère Maria Luisa de Jésus, religieuse italienne, sur la vie de Sainte Philomène (révélations qui reçurent l'Imprimatur du Saint Office le 21 décembre de la même année) ?

Il est certain que tous ceux qui se sont confiés à son intercession n'ont jamais été déçus. Nous n'essayerons pas de détailler sa vie, qui restera sans doute - et n'est-ce pas voulu par cette humble petite Sainte ? - un mystère. Nous n'exposerons ici que l'histoire de la découverte de ses reliques, et l'extraordinaire expansion d'un culte qui se répandit en l'espace de quelques années dans le monde entier.


Réponses à deux questions fréquemment posées…

Pourquoi ne trouve-t-on plus Sainte Philomène sur nos calendriers ?
Sa fête avait été fixée au 10 août.
En 1961, la Sacrée Congrégation des Rites a rayé cette fête du calendrier, supprimant ainsi l'Office propre avec Messe décrété le 11 janvier 1855 par le Pape Pie IX. Comme pour tous les autres Saints martyrs, on peut toujours vénérer Sainte Philomène par une Messe pour le Commun des Martyrs en tout lieu où il existe une dévotion à la Sainte.

Sa sainteté n'est-elle plus reconnue ?
Lorsqu'une personne a été déclarée Sainte, il n'est plus possible pour l'Eglise de lui retirer cette qualité. Le 13 janvier 1837, le Pape Grégoire XVI avait élevé la petite Philomène aux honneurs de l'autel, et confirmé le rescrit de la Congrégation des Rites par un décret solennel. Elle est donc bien Sainte pour l'éternité.
pie-X1.jpg
" Ah ! Sainte Philomène ! Je suis bien attristé par ce que l'on écrit à son sujet. Est-ce possible de voir de telles choses ? Comment ne voient-ils pas que le grand argument en faveur du culte de Sainte Philomène, c'est le Curé d'Ars ? Par elle, en son nom, au moyen de son intercession, il a obtenu d'innombrables grâces, de continuels prodiges. Sa dévotion envers elle était bien connue de tous, il la recommandait sans cesse. On lut ce nom Filumena sur sa tombe. Que ce soit son propre nom ou qu'elle en portât un autre […] peu importe. Il reste, il est acquis que l'âme qui informait ces restes sacrés était une âme pure et sainte que l'Eglise a déclarée l'âme d'une vierge martyre. Cette âme a été si aimée de Dieu, si agréable à l'Esprit-Saint, qu'elle a obtenu les grâces les plus merveilleuses pour ceux qui eurent recours à son intercession… "

Saint Pie X, audience du 6 juin 1907.
32753884
Les premiers miracles
Il est impossible de rapporter tous les miracles accomplis grâce à l'intercession de sainte Philomène. Nous n'en mentionnerons que quelques-uns choisis parmi des centaines d'autres.
– Une veuve supplia Philomène, pendant une messe, de guérir son enfant infirme. Au moment de la consécration, on vit l'enfant sauter sur ses jambes et courir jusqu'à l'urne qui contenait les reliques de Ste Philomène pour la remercier. À Mugnano la joie fut vive, et les manifestations de reconnaissance, bruyantes... Dès lors, les foules affluèrent.
– Une maman affligée trempa son doigt dans l'huile de la lampe qui brûlait devant la sainte et l'appliqua sur les yeux de son enfant aveugle; instantanément l'enfant recouvra la vue. De très nombreux autres aveugles recouvrèrent la vue à Mugnano, près des reliques de Ste Philomène.
– De nombreuses femmes ayant des difficultés pour mettre au monde leurs enfants furent immédiatement soulagées après avoir invoqué sainte Philomène.
Un point important est à signaler. Philomène veut qu'on remplisse les engagements qu'on a pris envers elle, et qu'on tienne ses promesses, sinon, elle se fâche...
Présence Merveilleuse à Lyon et Ars
La guérison de Pauline Jaricot
Le voyage vers Mugnano
Pauline Jaricot, issue d'une famille très fortunée, avait été à l'origine de l'Œuvre de La propagation de la Foi et la fondatrice du Rosaire Vivant. Elle avait joué également un rôle important dans l'établissement de l'association de la Sainte Enfance. Nous sommes maintenant en 1834 et Pauline a 35 ans. Elle était gravement malade du cœur, sa faiblesse était extrême, et bientôt on crut qu'elle allait mourir.
C'est alors qu'elle décida d'aller à Mugnano. C'était une pure folie car elle était bien incapable de supporter un tel voyage, mais laissons-la raconter:
Totalement épuisée par la douleur, je me disais en moi-même: "J'ai survécu au choc terrible et à l'excitation du bombardement et je suis toujours en vie, alors que bien des semaines et des mois ont passé. Il y a sûrement en cela un secret dessein de la Providence divine... Je réussis à obtenir du médecin qu'il me dise que mon état était si désespéré que ce que je pouvais faire n'avait plus d'importance. Cette déclaration calma mes scrupules... j'ai entendu le médecin murmurer sans savoir que j'étais éveillée: "Laissez-la tranquille, laissez-la partir, elle n'ira pas bien loin."
Le voyage fut terrible, et à chaque instant on croyait que Pauline allait mourir. Lorsque les hommes qui accompagnaient Pauline eurent atteint le sommet du mont Cenis, il s'arrêtèrent pour contempler le paysage. C'est à ce moment qu'apparut soudain un bel enfant qui s'approcha de Pauline, lui sourit gentiment et lui offrit une rose blanche. Personne ne savait d'où venait cet enfant, les guides ne l'avaient jamais vu auparavant. Puis l'enfant disparut aussi soudainement qu'il était venu... Or dans ces régions enneigées, les roses ne poussaient pas.
Pauline Jaricot et le pape Grégoire XVI
Le voyage reprit. Pauline était presque inconsciente quand elle arriva à Rome, et c'est le pape Grégoire XVI lui-même qui se déplaça pour aller voir "sa chère fille", chez les religieusess du Sacré-Cœur, à la Trinité des Monts, où elle était logée. Le pape loua le courage de Pauline et la bénit: il pensait ne plus la revoir, jamais...
Mais Pauline ne mourut pas encore. Elle arriva à Mugnano la veille de la fête de Sainte Philomène. Les habitants de Mugnano prièrent avec force leur sainte chérie, à la manière italienne, en criant et en frappant l'urne qui contenait les reliques: "Tu nous entends, Philomène! Si tu ne réponds pas immédiatement à notre prière, nous ne t'invoquerons plus; tout sera fini entre nous." Philomène entendit et guérit Pauline.
La guérison de Pauline Jaricot
Nous sommes le 10 août 1835. Pauline était installée près de l'urne de sainte Philomène. Après avoir reçu la sainte Communion, elle ressentit dans tout son corps des douleurs si violentes qu'elle s'évanouit. Croyant que Pauline était morte la foule se mit à hurler, mais bientôt Pauline Jaricot reprit conscience; sa joie était telle qu'elle se crut arrivée au paradis, mais ce n'était pas encore l'heure: elle était simplement guérie la petite Philomène avait accompli un nouveau miracle. Pauline resta quelque temps à Mugnano, puis quand il fallut partir, elle emporta avec elle une grande relique de sainte Philomène. Sur la route qui l'emmenait à Rome, les foules manifestaient leur joie et leur enthousiasme. À Rome elle fut reçue par le pape Grégoire XVI qui lui demanda de rester à Rome pendant un an, afin qu'une enquête approfondie puisse être menée sur ce miracle dont elle était la bénéficiaire. Puis Pauline rentra en France, à Lyon Fourvière.
Le 30 janvier 1837, le pape Grégoire XVI autorisait le culte de sainte Philomène.
curedars2
Philomène et le saint Curé d'Ars
Nous savons que Jean-Marie Vianney avait rencontré plusieurs fois Mademoiselle Pauline Jaricot. Après sa guérison spectaculaire, et son retour en France, Pauline donna un morceau de la grande relique qu'elle avait rapportée de Rome au Curé d'Ars en disant:
– Monsieur le Curé, ayez grande confiance en cette Sainte; elle vous obtiendra tout ce que vous lui demanderez.
Désormais Jean-Marie Vianney et la petite Philomène, Vierge martyre, ne se quitteront plus. Il lui parlait constamment, et elle faisait tout ce qu'il voulait. Quelque faveur qu'on lui demandât en son nom, elle l'accordait… Le curé d'Ars se sentait parfois mal à l'aise devant tant de miracles que les gens lui attribuaient à lui. Mais la petite sainte continuait ses miracles; elle voulut même en faire un pour le saint curé.
C'était en 1843. À force de se priver de tout, de nourriture et de feu, le saint homme avait gagné une fluxion de poitrine. Il était très mal; on lui administra les derniers sacrements, et l'on attendait la fin. Tout à coup, pendant la célébration d'une messe dite pour lui en l'honneur de Sainte Philomène, il s'endormit doucement, et se réveilla peu de temps après absolument guéri. Durant ce sommeil mystérieux, on l'entendit murmurer plusieurs fois le nom de sa protectrice. On a dit que Philomène lui serait apparu. Un tableau placé dans la belle chapelle de la Sainte, à Ars, perpétue le souvenir de cette miraculeuse guérison.
Dès lors s'établit entre le saint curé et sa protectrice une familiarité encore plus grande, une sorte de présence réelle.
Beaucoup de curés de paroisses de France voulurent imiter Jean-Marie Vianney. On peut vraiment affirmer que sans quitter son village, Jean-Marie Vianney a couvert la France de sanctuaires en l'honneur de sainte Philomène. En 1859, l'année de sa mort, il avait mis la France aux pieds de sa sainte et douce amie.
Ligny image ADe
Qui est réellement sainte Philomène?
Trois révélations intéressantes
Les recherches humaines, même celles des plus grands savants du XIXème siècle, n'ont donné aucun renseignement sur la vie de sainte Philomène. Mais à trois personnes, fort éloignées géographiquement et ne se connaissant pas, Philomène a révélé sa vie: un jeune artisan d'une conscience pure et d'une piété solide; un prêtre zélé, honoré plus tard des dignités de l'Église, une religieuse napolitaine de trente-cinq ans, consacrée à Dieu dans une maison austère de Naples. Nous rapportons ci-dessous la révélation qui fut faite à la religieuse: sœur Marie-Louise, Supérieure générale de la Congrégation des Sœurs des Douleurs de Marie, décédée en 1875.
Sainte Philomène raconte sa vie
Ma chère sœur, je suis la fille d'un prince qui gouvernait un petit État de la Grèce. Ma mère était aussi de sang royal. Comme ils étaient sans enfant et tous deux encore idolâtres, pour en obtenir, ils offraient continuellement des prières et des sacrifices à leurs faux dieux. Un docteur romain qui professait le christianisme, nommé Publius... vivait dans un palais au service de mon père.. Voyant l'affliction de mes parents,… sous l'impulsion de l'Esprit Saint, il leur parla de notre foi et les assura que leurs prières seraient entendues s'ils embrassaient la religion chrétienne… Finalement, après mûre réflexion, ils reçurent le sacrement de baptême.
Je suis née au début de l'année suivante, un 10 janvier, et à ma naissance, ils me donnèrent le nom de 'Lumena', ou 'Lumière', car j'étais née à la lumière de la Foi à laquelle mes parents étaient maintenant ardemment dévoués. Le jour de mon baptême, ils me nommèrent 'Philomena', c'est-à-dire 'Fille de la lumière'. L'affection que mes parents me portaient était si grande qu'ils voulaient toujours m'avoir près d'eux. C'est pour cette raison qu'ils m'amenèrent à Rome avec eux à l'occasion d'un voyage que mon père devait faire en raison d'une guerre injuste dont il était menacé par l'arrogant Dioclétien. J'allais sur la fin de mes treize ans. Arrivés dans la capitale du monde, nous nous rendîmes au palais de l'empereur où on nous accorda une audience…
Tandis que mon père plaidait sa cause avec ardeur et cherchait à se justifier, l'Empereur ne me quittait pas des yeux et à la fin il déclara:
– Cesse de te tourmenter; tu peux être parfaitement rassuré; il n'y a plus de raison de s'inquiéter. Au lieu de vous attaquer, je mettrai toutes les forces de l'Empire à votre disposition à la condition que tu me donnes la main de ta fille, la jolie Philomène.
Mes parents accédèrent à sa requête et, de retour chez nous, ils cherchèrent à me convaincre que j'allais être heureuse comme Impératrice de Rome. Je rejetai leur offre sans aucune hésitation en leur disant que j'étais devenue l'épouse de Jésus-Christ par un vœu de chasteté prononcé lorsque j'avais onze ans. Mon père s'efforça alors de montrer qu'une enfant de mon âge ne pouvait pas disposer d'elle-même comme elle l'entendait et il exerça toute la force de son autorité pour me faire obéir.
Lorsque l'Empereur reçut ma réponse, il la considéra comme un simple prétexte pour briser la promesse qui lui avait été faite:
– Amène-moi la princesse Philomène, dit-il à mon père, je verrai si je peux la persuader.
Mon père vint vers moi mais, voyant que j'étais inébranlable, lui et ma mère se jetèrent à mes pieds en m'implorant.
– Mon enfant, aie pitié de ton père, de ta mère, de ton pays! Aie pitié de notre royaume!
– Non, non, ai-je répondu; Dieu et ma virginité que je lui ai consacrée passent avant tout; avant vous, avant mon pays! Mon royaume, c'est le Ciel.
Mes paroles les plongèrent dans le désespoir et il leur fallut m'emmener devant l'Empereur qui, de son côté, fit tout en son pouvoir pour me gagner. Mais ses promesses, ses séductions, ses menaces furent également vaines. Il fut alors saisi d'un violent accès de colère et, influencé par le démon de l'impureté, il me fit jeter dans les prisons de son palais où l'on me chargea de chaînes.
Croyant que la douleur et la honte affaibliraient le courage que mon divin Époux m'inspirait, il vint me voir chaque jour; puis, après avoir détaché mes chaînes pour me permettre de prendre la petite portion de pain et d'eau que je recevais comme nourriture, il renouvela ses attaques dont certaines, sans la grâce de Dieu, auraient été fatales à ma pureté. Les échecs qu'il continua de rencontrer furent pour moi le prélude à de nouvelles tortures, mais la prière me soutenait. Je ne cessais de me recommander à Jésus et à sa Mère très pure. Ma captivité durait depuis trente-sept jours lorsque, au milieu d'une lumière céleste, je vis Marie tenant son divin Fils dans ses bras.
– Ma fille, me dit-elle, encore trois jours de prison et, après quarante jours, tu sortiras de cet état de douleur.
Mon cœur battait de joie à l'annonce de cette nouvelle mais, comme la Reine des anges avait ajouté que je devrais quitter cette prison pour soutenir, dans des tourments effrayants, un combat bien plus terrible que les précédents, je passai immédiatement de la joie à l'angoisse la plus cruelle; je pensai qu'il me tuerait.
– Courage, mon enfant, me dit Marie, ne sais-tu pas l'amour de prédilection que je te porte? Le nom que tu as reçu au baptême en est l'assurance, par sa ressemblance avec celui de mon Fils et avec le mien. Tu es appelée Lumena ou Lumière. Mon Fils, ton Époux, est appelé Lumière, Étoile, Soleil. Et ne suis-je pas moi-même appelée Aurore, Étoile, Lune dans la plénitude de son éclat, et Soleil? Ne crains pas, je t'aiderai. C'est maintenant l'heure de la faiblesse humaine et de l'humiliation, mais au moment de l'épreuve, tu recevras grâce et force. En plus de ton ange gardien, tu auras aussi le mien, l'archange Gabriel, dont le nom signifie "La force du Seigneur". Lorsque j'étais sur terre, il était mon protecteur. Je te recommanderai tout spécialement à ses soins, mon enfant bien-aimée.
Ces paroles de la Reine des vierges me redonnèrent courage et la vision disparut en laissant ma prison emplie d'un parfum céleste.
L'Empereur, désespérant de me faire accéder à ses désirs, eut alors recours à la torture pour me terrifier et m'amener à rompre mon vœu avec le Ciel. Il ordonna qu'on m'attache à un pilier pour être fouettée sans merci tandis qu'on me lançait d'horribles blasphèmes.
– Puisqu'elle est obstinée au point de préférer à un Empereur un malfaiteur condamné à mort par ses propres compatriotes, dit-il, elle mérite un châtiment approprié.
Le tyran, me voyant toujours aussi déterminée bien que je ne sois qu'une plaie béante, ordonna qu'on me ramène en prison pour y mourir dans les souffrances. Je souhaitais la mort pour m'envoler dans les bras de mon Époux lorsque deux anges brillants apparurent qui versèrent un baume céleste sur mes plaies et je fus guérie. Le lendemain matin, l'Empereur fut surpris en apprenant la nouvelle. Me voyant plus forte et plus belle que jamais, il entreprit de me convaincre que je devais cette faveur à Jupiter, qui me destinait au diadème impérial.
Sous l'inspiration du Saint-Esprit, je rejetai ce sophisme et résistai à ses caresses. Fou de rage, il ordonna qu'on m'attache au cou une ancre de fer et qu'on me précipite dans le Tibre. Mais Jésus, pour montrer Son pouvoir et confondre les faux dieux, envoya deux anges pour m'aider. Ils coupèrent la corde et l'ancre tomba dans la rivière où elle demeure enfoncée dans la boue. Ils me déposèrent ensuite sur la rive sans qu'une seule goutte d'eau ait mouillé mes vêtements.
Ce miracle convertit un grand nombre de spectateurs et Dioclétien, plus obstinément aveugle que Pharaon, déclara alors que je devais être une sorcière et ordonna qu'on me transperce de flèches. Mortellement blessée et sur le point de mourir, on me jeta à nouveau en prison. Au lieu de la mort qui aurait normalement dû survenir, le Tout-puissant me fit tomber dans un sommeil paisible dont je me réveillai plus belle qu'auparavant. Ce nouveau miracle mit l'Empereur dans une fureur telle qu'il donna l'ordre de répéter cette torture jusqu'à ce que mort s'en suive. Mais les flèches refusèrent de quitter les arcs. Dioclétien affirma que c'était le fait de la magie et, espérant que la sorcellerie serait impuissante contre le feu, il ordonna que les flèches soient rougies au feu dans un brasier. Cette précaution fut inutile. Mon divin Époux me sauva de la torture en retournant les flèches contre les archers, et six d'entre eux furent tués. Ce dernier miracle entraîna d'autres conversions et la foule commençait sérieusement à montrer des signes de mécontentement envers l'Empereur, et même de révérence pour la sainte Foi.
Par crainte de conséquences plus sérieuses, le tyran donna l'ordre de me couper la tête. Mon âme, glorieuse et triomphante monta vers le Ciel où je reçus la couronne de virginité que j'avais méritée par tant de victoires. Il était trois heures de l'après-midi, un dix août, qui était un vendredi.
Voilà pourquoi Notre-Seigneur a voulu que mon corps soit ramené à Mugnano un dix août, et pourquoi Il accomplit tant de miracles en cette occasion.

886600saintphilomenagallery0007.jpg
Des merveilles peu ordinaires
Le sang de la Sainte
Le sang de Philomène contenu dans un vase de cristal est très sec et ressemble à des cendres. Tous les visiteurs peuvent le voir parfaitement. Cette poussière devrait normalement demeurer inerte. Or il n'en est rien. Sous les yeux des pèlerins, le sang se transforme et des pierres précieuses apparaissent: des rubis, des émeraudes, des particules d'or et d'argent. Parfois, il y a aussi des particules noires: on dit qu'elles présagent des désagréments, des affliction, ou révélent l'indignité de ceux qui vénèrent la relique. Ces transformations ont été vérifiées et déclarées authentiques par les plus hautes autorités ecclésiastiques.
On peut citer, notamment:
– le Cardinal Ruffo Scilla qui, apposant les sceaux sur le vase contenant le sang de sainte Philomène, vit ce sang se changer en plusieurs pierres précieuses brillantes...
– le Cardinal Deschamps, archevêque de Malines, qui raconta, lors d'un pèlerinage à Mugnano: "J'ai vu ce précieux sang... qui était d'abord terne et durci; et voici que Jésus-Christ, en lui communiquant un rayon de la gloire de l'âme qui l'a offert pour lui, le rend éblouissant comme un arc en ciel. C'est vraiment merveilleux. Je le savais pour l'avoir lu, mais je peux dire maintenant que je l'ai vu de mes propres yeux."
La "figure" de cire
Une "figure" de cire contenant les ossements de Philomène est conservée dans une urne vitrée qui permet de voir l'image. Cette image, somptueusement vêtue porte, sur un doigt de la main droite, une grosse bague ornée d'une topaze, offerte par le pape Pie X. À plusieurs reprises la statue se transforma. Une première fois le 29 septembre 1805: à la surprise des personnes présentes, la statue, de facture grossière et mal installée dans son coffret d'ébène trop petit, prit une position plus gracieuse, et le visage, assez laid, devint superbe. Vingt ans plus tard, en 1824, lorsqu'on eut remplacé le premier coffret par un autre plus beau et plus grand, on eut la surprise de voir les yeux s'ouvrir et les pieds et les jambes s'allonger comme pour occuper toute la place.
En 1841, la statue était placée de telle sorte que tout le monde ne pouvait pas la voir; soudain tout l'assemblée vit la statue se tourner de trois-quarts pour devenir visible à tous. Le 27 mai 1892, la statue changea encore de position.
La grande statue
La grande statue offerte par le Cardinal Ruffo-Scilla en 1806, sert, entre autres, lors des processions publiques de la sainte. En 1823, lors d'une procession, les porteurs la sentirent soudain anormalement lourde. Des couleurs fleurissaient sur son visage, le rendant comme vivant. Le lendemain une sorte de transpiration perlant sur le front de la statue, remplissait l'air d'un parfum délicieux. Ce prodige dura longtemps. Il fut examiné et authentifié par les autorités civiles et ecclésiastiques.
Les signes
Parfois sortent de l'urne des sons cristallins comme si le verre était frappé par quelque chose de dur. Ce signe est bien connu.
D'autres signes ont été signalés; nous citerons la multiplication de livres racontant la vie de sainte Philomène, ou d'images de la Sainte. Une fois des reliques furent confiées à des personnes qui ne les traitèrent pas avec assez d'amour: elles disparurent. On les retrouva plus tard dans l'urne contenant les ossements de la sainte...
Prières à Sainte Philomène
Illustre vierge et martyre, bienheureuse Sainte Philomène, dont le nom et les miracles sont connus jusqu’aux extrémités du monde, soyez sensible à ma confiance en votre intercession, et au désir que j’ai de voir vot...re culte s’étendre dans tout l’univers. Glorieuse vierge et martyre, je me réjouis avec vous de la puissance que le Seigneur vous a donnée, pour la gloire de son nom et pour l’édification de son Église. J’aime à vous voir si pure, si généreuse, si fidèle à Jésus, si élevée dans la gloire.
Attirée par vos exemples à la pratique de la vertu, plein d’espoir à la vue des récompenses accordées à vos mérites, je veux fuir le péché, et accomplir tout ce que Dieu me commande. Aidez-moi, grande Sainte, à obtenir une pureté à jamais inviolable, une générosité qui ne se refuse pour l’amour de Dieu à aucun sacrifice, un dévouement sans bornes la foi catholique, et . . . (nommez la faveur spéciale que vous désirez). Ce Dieu si bon pour lequel vous avez donné votre sang et votre vie, ce Dieu qui m’a tant aimé, ne refusera rien à vos prières.
Ainsi soit-il.

Je vous salue, ô innocente Philomène qui, par l’amour de Jésus, avez conservé dans tout son éclat le lis de la virginité. Je vous salue, ô illustre Philomène, qui avez répandu si courageusement votre sang pour Jésus-Christ.
Je bénis le Seigneur pour toutes les grâces qu’Il vous a accordées pendant votre vie, et tout spécialement à l’heure de votre mort. Je Le loue et Le glorifie pour l’honneur et la puissance avec lesquels Il vous a couronnée, et je vous supplie d’obtenir pour moi auprès de Dieu les grâces que je demande par votre intercession.
Sainte Philomène, fille bien-aimée de Jésus et de Marie, priez pour nous qui avons recours à vous. Ainsi soit-il.
santa 18
Ô sainte Philomène, vierge et martyre, priez pour nous, afin que par votre puissante intercession nous puissions obtenir cette pureté de cœur et d'esprit qui conduit à l'amour parfait de Dieu. Amen.
SAINTE PHILOMENE EST REABILITE SUR LE CALENDRIER DES SAINT ET SE FÊTE LE 10 AOUT. (http://nominis.cef.fr/contenus/saint/calendrier/complet/2012/8.html)
Partager cet article
Repost0
2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 23:33

    Vierge et Martyre   + 290-303 --- Fête le 21 janvier

 

 

 

ste agnésSa naissance et ses premières vertus

 

Sainte Agnès naquit à Rome de parents distingua aux yeux du monde, parce qu'ils étaient nobles et riches; mais plus illustres encore devant Dieu, parce qu'ils étaient chrétiens. Au baptême, ils donnèrent à leur enfant le nom d'Agnès. Et, dit Saint Ambroise, « son nom seul est une louange ». En grec, il signifie « chaste » et, en latin, il veut dire « brebis », Sainte Agnès, en effet, a toujours été une petite brebis chaste, qui a préféré souffrir un cruel Martyre et mourir plutôt que de perdre sa virginité. Dès le berceau elle conçut, sous la douce inspiration de sa mère, un brûlant amour pour Notre-Seigneur Jésus-Christ. Dès lors aussi elle l'appelait son Bien-Aimé, son Divin Epoux, et la méditation de ses souffrances faisait son aliment le plus ordinaire. Aussi devint-elle bientôt un modèle d'obéissance à ses parents, un ange de pureté, un chérubin d'amour divin, une petite fiancée noblement fière et jalouse de conserver son cœur uniquement à son Fiancé. A l'exemple du Divin Enfant, elle croissait en sagesse et en grâce, et la beauté de son âme, se reflétant au dehors, donnait à ses traits extérieurs une harmonie ravissante qui excitait l'admiration. La religion et la piété étaient si aimables et si gracieux en elle, qu'elle commença dès lors à attirer beaucoup de personnes à la vertu. Elle en convertit même plusieurs de son sexe à la Foi catholique. Vérifiant ainsi elle-même ce que la Sainte Ecriture à dit de la Très Sainte Vierge Marie: « D'autres vierges viendront à sa suite se donner au Roi » (Psaume 44).

 

Elle refuse la main de Procope pour se conserver à son Divin Epoux

 

Cependant le démon fut jaloux de Notre Seigneur Jésus-Christ. II aurait voulu, lui, posséder l'âme d'Agnès si fidèle à son Sauveur. Comme un lion rugissant, rôdant autour d'elle pour la dévorer, il résolut de lui ravir son innocence et sa Foi, lorsque Sainte Agnès approcha de sa treizième année, il voulut, comme pour bien d'autres jeunes personnes, se servir de la beauté de son corps, pour lui faire perdre celle de son âme. Dans ce but il alluma un violent amour pour Agnès dans le cœur de Procope, fils du gouverneur de Rome. Ce jeune seigneur, voyant qu'Agnès était noble, intelligente et belle, crut qu'il ne se mésallierait pas en la prenant pour épouse, et il mit tout en œuvre pour obtenir sa main virginale. D'abord il la demanda à ses parents, qui, connaissant les goûts de leur angélique enfant, ne se hâtèrent pas de répondre. Ensuite, il chargea plusieurs personnes de faire connaître sa passion à Agnès, qui, inspirée d'en Haut, sut confondre leur sagesse toute humaine bien que captieuse. Enfin, il fit en sorte de rencontrer lui-même Agnès pour lui ouvrir son cœur, lui découvrir son amour et lui faire personnellement sa demande. Après lui avoir dit tout ce que sa passion lui mit à la bouche et lui avoir supplié de ne pas refuser son alliance, il lui offrit les riches présents qu'il avait apportés pour achever de la convaincre. Mais Agnès, fiancée à Jésus lui répondit avec une fermeté toute chrétienne :

« Retire-toi, tison d'enfer, aiguillon de péché, pierre de scandale et appât de mort ! Ne pense pas que je sois jamais infidèle à mon Divin Epoux, à qui je me suis tellement unie, que mon âme ne vit que de son amour. Ne flatte pas non plus ta pensée qu'il y ait quelque mérite en toi qui te puisse justement faire prétendre à être son, rival; car il possède six qualités qui le rendent incomparable et uniquement digne d'amour; il est noble, il est beau, il est sage, il est riche, il est bon, il est puissant. Si tu veux avoir son extraction, il reconnaît un Dieu pour son Père, qui l'a produit sans mère, et la Mère qui l'a mis au monde n'a pas moins été Vierge pour avoir eu ce Fils. Il est si beau, que sa splendeur surpasse la clarté du soleil et de tous les astres, et que les deux mêmes sont ravis dans l'admiration de sa beauté, et disent, dans leur langage, qu'ils ne sont que ténèbres à son égard. Il est si sage et m'a tellement captivée de son amour, que je ne puis penser à d'autre qu'à lui. Et maintenant, que je parle de son excellence, je sens un si grand plaisir que, quoique je t'aie en horreur, je suis bien aise de te voir pour te le pouvoir dire. Il est si riche qu'il m'a donné un trésor qui vaut mieux que tout l'empire romain, et que personne ne le voit qui ne soit comblé de richesses. Que te dirai-je de sa bonté qui n'a point de mesure ! Pour la faire paraître avec plus d'éclat, il m'a marquée de son Sang. Il m'a donné sa foi et sa parole qu'il ne m'abandonne jamais. Il m'a prise pour son épouse, il m'a donné de belles robes et des joyaux d'un prix inestimable. Il est si puissant qu'il ne peut-être vaincu par toutes les forces du ciel et de la terre. Les malades sont guéris par le parfum céleste qui s'échappe de sa personne, et les morts reviennent en vie par l'éclat de sa voix. C'est pourquoi je suis toute à lui. Je l'aime plus que mon âme et que ma vie même, et je serais très heureuse de pouvoir mourir pour lui. Quand je l'aime, je suis chaste ; quand je m'approche de lui, je suis pure, et quand je l'embrasse, je suie vierge. Cela étant ainsi, vois si je puis l'abandonner dans l'espoir de quelques récompenses ou par la crainte de quelques peines ».

Ainsi devraient parler toutes celles qui, se sachant appelées par une vocation toute divine à un état plus parfait, sont cependant encore exposées aux dangers et aux illusions du monde.

 

Elle est condamnée au lieu infâme, mais elle met sa confiance en Dieu : ses cheveux croissent par miracle

 

En entendant la réponse d'Agnès, Procope crut qu'elle était éprise d'amour pour quelque autre grand seigneur, et que, étant enivrée de cette passion, elle parlait en frénétique, appelant celui qu'elle aimait son Dieu, son âme et sa vie. Et il devint si jaloux qu'il en tomba malade au lit. Le gouverneur de Rome, son père, fit venir Agnès pour lui persuader d'épouser son fils, l'assurant qu'il était le meilleur parti qu'elle pût souhaiter. Mais Agnès fût inébranlable. Elle lui dit même que pour tous les biens du monde elle ne changerait point l'Epoux qu'elle avait déjà pris. Alors il voulut savoir quel pouvait être celui qu'elle aimait tant, et quelqu'un lui dit : « Seigneur, cette fille est chrétienne ! Elle a été, dès le berceau nourrie en l'art magique, auquel s'appliquent fort les chrétiens, ainsi qu'on le voit par ce qu'ils font tous les jours. Soyez. assuré que cet Epoux dont elle parle, n'est autre que le Dieu des chrétiens ». Cette nouvelle Causa beaucoup de joie au gouverneur, car il y entrevit de suite un moyen de se venger d'Agnès. Le refus d'épouser Procope ne pouvait pas être fini ; car Agnès était noble ; mais elle était chrétienne, et ce nom pouvait servir à Symphrone pour la faire souffrir.

Il la fit donc comparaître de nouveau devant son tribunal, où il voulut d'abord la gagner par de belles et de douces paroles. Et, comme il vit que les promesses ne pouvaient pas détacher le cœur d'Agnès de son Divin Epoux, il prit le ton de la menace et lui dit: « Marie-toi, ô Agnès, ou, si tu veux être vierge, sacrifie à la déesse Vesta et sers-la toute ta vie comme le font toute les autres filles romaines, sinon je te châtierai comme tu le mérites et te ferai conduire en un lieu où tu souffriras toutes sortes d'indignités, sans pouvoir te retirer des mains de ceux qui te tiendront une fois ». La sainte fille lui répondit: « Ne vous échauffez pas d'avantage, ô gouverneur; car il n'y a rien au monde capable de me faire quitter l'Epoux que j'ai choisi. Je refuse le mariage de votre fils, et je ne me laisserai pas abuser jusqu'au point d'adorer des statues insensibles, qui n'ont ni oreilles, ni langue, ni vie. Vous me menacez de me faire traîner en un lieu infâme, pour y exposer ma pureté; c'est ce que je ne crains pas; parce que j'ai avec moi l'un des innombrables serviteurs de mon Epoux, un ange par qui je suis gardée et qui prendra merveilleusement ma défense. Et mon Seigneur Jésus, que vous ne connaissez pas, m'environne de toutes parts, comme un mur, que l'on ne saurait forcer ».

Cette réponse mit l'inique juge en une telle fureur qu'il ordonna qu'Agnès fût dépouillée de tous ses vêtements et traînée toute nue jusqu'au lieu infâme, auquel il l'aurait destinée. Il voulut de plus qu'une trompette allât devant elle, criant que c'était Agnès, la sorcière, la chrétienne, que le gouverneur avait condamnée aux maisons d'infâmie pour avoir blasphémé contre les dieux, afin que ceux qui en voudraient abuser puissent y aller librement. C'était ainsi que les païens vengeaient leurs dieux, faisant voir par là que ces dieux étaient impurs et malhonnêtes. Or, les filles et les femmes chrétiennes estimaient ce supplice plus horrible que les autres tourments et la mort même; car elles aimaient mieux, dans leur estime de la sainte vertu, être exposées aux griffes des lions qu'à des regards et à des mains impudiques. Dieu, cependant, souffrait cette impiété pour faire triompher les âmes pures, qui ne sont jamais abandonnées dans les tentations, si elles prient, et pour faire éclater sa Miséricorde sur elle. Des bourreaux donc se jetèrent sur Agnès et la dépouillèrent de ses vêtements; mais en un instant, ses cheveux grandirent par miracle, en si grande quantité qu'elle en eut assez pour cacher tous ses membres. De sorte que son corps ne pût être vu, ni servir de spectacle aux yeux sensuels de ses bourreaux. Lorsqu'elle fut contrainte d'entrer dans le lieu infâme, elle y trouva un ange pour la défendre et une robe plus blanche que la neige pour la couvrir, et même le lieu fut éclairé d'une brillante lumière. De quoi la sainte fille étant toute consolée et transportée de l'amour de son chaste Epoux, elle se mit en prière pour rendre grâce à celui qui avait fait tant de prodiges pour la sauver.

 

Un Ange la défend dans le lieu infâme et la venge de Procope

 

Défendue par un ange et par une clarté céleste, la chasteté d'Agnès ne fut point souillée, elle conserva intact et intègre son corps, son esprit et son cœur. De jeunes hommes lascifs entrèrent, il est vrai, dans la chambre où elle était enfermée; mais, tout étonnés de ce qu'ils voyaient, ils en sortaient chastes et convertis. Cependant Procope, plus impur et plus audacieux que les autres, voulut accomplir son abominable dessein. Il entra dans la chambre, et, sans voir ce qu'il y avait d'admirable, il voulut attaquer Agnès et lui faire violence. Mais Agnès fit une prompte et fervente prière, et l'Ange qui la gardait, frappant Procope au cœur, le renversa raide mort. Le bruit s'en répandit aussitôt dans toute la ville, et Symphrone au désespoir accourut au lieu où gisait le corps de son fils. Le voyant sans vie, il adressa la parole à Agnès avec rage et fureur. Il l'appela sorcière et enchanteresse, furie sortie des enfers, monstre né pour la désolation de ses jours, lui demandant avec imprécations pourquoi elle lui avait ravi son fils, comme si celui qui fait un tel outrage ne méritait pas la mort.

Agnès reçut ces injures avec douceur et répondit avec calme et réserve: « Je n'ai point ôté la vie à votre fils ; son effronterie et sa témérité ont seules causé sa mort. Ceux qui sont entrés ici avant lui en sont sortis librement, parce que, voyant cette chambre pleine de clarté, ils ont rendu au grand Roi du Ciel, l'honneur qui lui est dû. Ils ont su que, quand j'ai été dépouillée, il m'a revêtue; que, quand j'ai été seule et abandonnée, il m'a préservée de mes persécuteurs, et qu'il a conservé ma virginité, que je lui ai consacrée dès le berceau. Mais votre fils, transporté de fureur, sans avoir de respect pour mon Dieu, a voulu me souiller. C'est pourquoi l'Ange qui me garde la fait mourir misérablement ». Le démon le cède donc aux fidèles serviteurs de Dieu, puisqu'il a été vaincu par une jeune fille de treize ans, abandonnée de la terre et soutenue seulement par son courage et par la grâce; puisque, au milieu d'un abîme de corruption, la virginité a trouvé un asile sûr, et que ce lieu infâme est devenu un paradis de chastes plaisirs, un séjour angélique, un temple du vrai Dieu. Oui ! une église bâtie dans ce lieu perpétue encore le souvenir de l'illustre victoire remportée par une jeune vierge chrétienne.

 

Elle ressuscite Procope

 

Alors, le gouverneur lui dit d'une voix plus modérée: « Je te prie donc de rendre la vie à mon fils, afin que chacun connaisse que tu ne la lui as pas ôtée par des charmes et des magies ». La sainte lui répondit: « Sans doute que votre aveuglement vous rend indigne de cette faveur; mais, afin que la gloire de mon Epoux en soit mieux reconnue, et que toute la ville de Rome sache le bonheur de ceux qui le servent avec fidélité, sortez de cette chambre, vous et votre suite, tandis que je ferai ma prière pouf obtenir de lui ce que vous demandez ». Symphrone étant sorti, Agnès se jeta à terre, et, les joues baignées de larmes, elle pria son Bien-Aimé de rendre la vie à Procope. Pendant qu'elle priait, un Ange descendit du Ciel et ressuscita le jeune homme, qui, sortant aussitôt de la maison, se mit à crier: « Il n'est point d'autre Dieu au ciel, ni sur la terre, en la mer, ni dans les abîmes, que le Dieu adoré par les chrétiens. Lui seul doit être adoré. Les idoles ne sont que des esprits trompeurs, qui nous abusent pour nous traîner en enfer ». Mais à ses discours les pontifes idolâtres s'écrièrent: « Que la chrétienne meure! » Et le gouverneur qui avait vu de si grandes merveilles et qui tenait maintenant Agnès en haute estime, eût bien voulu la sauver. Cependant, à la manière des juges timides et lâches, qui, connaissant la vérité, n'osent pas la défendre, il céda à la fureur populaire et à la peur. Il se retira, en simulant la pitié, et chargea son lieutenant Aspase d'expédier cette cause.

 

Le feu l'épargne mais le bourreau l'immole

 

Aspase fit comparaître Agnès, puis, ayant fait allumer un grand feu, il la fit jeter dedans. Mais Dieu ne permit pas que celle qui n'avait jamais été brûlée par le feu de la concupiscence fut consumée par le feu matériel. Les flammes se divisèrent, laissant Agnès saine et sauve, et, tournant leur fureur contre les idoles, elles en réduisirent plusieurs en cendres. Pour Agnès, toute pénétrée de reconnaissance et de joie, elle se tourna vers son Divin Epoux et lui dit: « Mon Dieu! je loue et glorifie votre Saint nom de ce que, par la vertu de Jésus-Christ votre Fils unique, j'ai vaincu la violence des tyrans et passé par le chemin de l'impureté sans être souillée. Pour comble de merveilles, je vois que votre Ange adoucit l'ardeur de ce feu, et que les bourreaux, qui me tourmentent, éprouvent eux-mêmes la violence de cet élément. Béni soit votre saint nom, ô Seigneur, puisque je vois déjà ce que je désirais, je jouis de ce que j'espérais, je tiens entre mes bras ce que j'aimais. Mon cœur, ma langue, mes entrailles, mon âme vous louent vous glorifient. Je vais à vous, ô vrai Dieu éternel, qui régnez avec votre Fils unique Jésus Christ dans les siècles des siècles ».

A peine eût-elle achevé sa prière que le feu s'éteignit au point de ne pas même laisser de vestiges. Néanmoins, Aspase, pour apaiser le tumulte populaire, lui fit donner un coup d'épée dans la gorge (Que l'infidélité et le péché rendent cruel!) Il sortit de cette plaie une telle abondance de sang que le corps de la vierge en fut tout inondé. Quand le bourreau leva l'épée pour la frapper, il trembla et changea de couleur, comme s'il eût été lui-même condamné à mort, tandis qu'Agnès attendit le coup avec calme et résignation. Elle dit même au bourreau: « Que fais-tu ? Qu'attends-tu ? qui te retient ? Fais mourir ce corps qui peut être vu des yeux des hommes, dont je ne veux pas être regardée, et que mon âme aille rejoindre mon Dieu! Que ce Seigneur, qui m'a élue pour son épouse et auquel je veux plaire, me veuille, par sa bonté, recevoir entre ses bras! » C'est ainsi que, le 21 janvier 305, au sein des plus grandes tribulations, elle remporta la double couronne du martyre et de la virginité. « Avant de recevoir le coup, dit Saint Ambroise, elle s'enferme de ses vêtements. Elle est morte et sa pudeur veille encore. Elle est tombée à genoux, et sa main voile son visage ». Son âme environnée de lumière s'élança comme une colombe à travers les airs, et un groupe d'anges l'accompagna dans ce sentier lumineux. O Vierge bienheureuse, noble habitante des Cieux, Priez pour nous !

 

Sa sépulture et le martyre de Sainte Emérentienne

 

Les chrétiens déposèrent le chaste corps d'Agnès dans une terre de l'un de ses parents, au-delà de la porte de Numa, aujourd'hui sainte Agnès extra muros (Hors des Murs), non avec des pleurs et des sanglots, mais avec une grande allégresse et une grande dévotion. Les gentils en furent indignés. Ils se jetèrent sur les chrétiens, qu'ils maltraitèrent, entre autres une sœur de lait et compagne d'Agnès, Sainte Emérentienne, jeune vierge, qui, n'étant encore que catéchumène, fut martyrisée et baptisée ainsi dans son sang. Son corps fut placé auprès de celui d'Agnès, et l'église célèbre sa fête le 23 janvier, qui fut aussi le jour de son martyre. Pour permettre aux chrétiens d'aller honorer le sépulcre d'Agnès et de l'invoquer plus efficacement, Dieu épouvanta les infidèles par des tremblements de terre, par des éclairs, et par des tonnerres, qui, tombant sur eux, en firent mourir plusieurs et mirent les autres en fuite; en sorte que les fidèles demeurèrent maîtres de la place. Quant aux parents de la sainte, ils ne cessèrent, ni nuit ni jour, de faire leur dévotion en ce lieu. C'était une consolation pour eux.

 

Elle apparaît à ses parents et à Sainte Constance

 

Huit jours après le martyre d'Agnès, ses parents en prières sur son tombeau virent une grande multitude de vierges parées de robes de drap d'or recouvertes de pierres précieuses couronnées de guirlandes, de perles et de beaux diamants. Au milieu d'elles s'avançait Sainte Agnès triomphante et glorieuse, avec un agneau plus blanc que la neige sur son bras. La Sainte s'arrêta et pria ses compagnes de s'arrêter aussi ; puis, se tournant vers ses parents, elle leur dit : « Mes chers parents, ne me pleurez plus comme morte, réjouissez-vous plutôt avec moi de ce que j'ai acquis dans le Ciel la couronne de gloire en une si sainte compagnie, et ce que je possède celui, que vivant sur la terre j'aimais de tout mon cœur et de toute mon âme ». Ensuite elle se tut et passa outre avec le choeur de vierge dont elle était accompagnée. Cette révélation fut si célèbre que toute la ville en fut informée. L'Eglise en fait mémoire par une fête particulière, qui se célèbre le 28 janvier, et que l'on appelle Sainte Agnès Secundo.

Quelques années plus tard, Constance, fille de l'empereur Constantin, couverte de plaies des pieds jusqu'à la tête, ayant entendu parler de cette vision par ceux même qui l'avaient vue, voulut prier elle aussi au Sépulcre de la Sainte pour y être guérie. Et là, bien qu'elle ne fût pas encore Chrétienne, elle la pria avec beaucoup de confiance et de ferveur de lui obtenir sa guérison. Elle venait à peine de commencer à prier lorsqu'elle fut surprise par un doux sommeil. Pendant ce repos, la Bienheureuse Agnès lui apparut et lui dit : « Constance ! N'oubliez pas votre nom, embrassez immédiatement la Foi de Jésus-Christ par qui toute vos plaies seront dès ce moment parfaitement guéries. Vous ne sentirez plus la mauvaise odeur de votre corps, la douleur de vos plaies de nous tourmentera plus, et vous serez délivrée de la crainte d'autres nouvelles maladies. Souvenez-vous de ce que vous étiez et de ce que vous êtes maintenant: reconnaissez Notre Seigneur Jésus-Christ et remerciez-le de ses bienfaits ». Constance, à ces paroles, s'éveilla et se trouva parfaitement guérie. En reconnaissance de ce bienfait, elle fit faire un superbe sépulcre pour les ornemente de la Sainte, et bâtir une magnifique église, pour lui rendre les honneurs dues à ses mérites, et oh le peuple accourt toujours depuis en grand nombre. Même elle voulut suivre l'exemple de Sainte Agnès et demeurer toujours vierge. De concert avec plusieurs autres jeunes filles, elle fit profession de l'angélique vertu et reçoit aujourd'hui au Ciel la récompense de son sacrifice.

 

Bénédiction de deux agneaux le jour de la fête de Sainte Agnès, manières de la représenter

 

A l'église, où furent déposées les reliques de sainte Agnès, et qui fut bâtie par Constance, s'appelle aujourd'hui Sainte Agnès extra muros et elle est un titre de Cardinal. Chaque année il s'y fait une gracieuse et touchante cérémonie. A la fête de sainte Agnès, l'abbé de Saint Pierre-aux-Liens y bénit deux agneaux blancs à la grand'messe, après laquelle on les porte au Pape, qui leur donne aussi sa bénédiction. Ils sont ensuite portés dans un monastère de religieuses qui les élèvent avec soin. La laine de ces petits agneaux sert à tisser les Palliums, que le Pape envoie, comme signe de puissance et de juridiction, à tous les archevêques du monde catholique. Ainsi cet ornement de laine blanche que, à certaines grandes fêtes, ces prélats doivent porter sur leurs épaules à l'instar du Bon Pasteur qui porte sa brebis, et que le Pape prend sur l'autel même de Saint Pierre, va porter jusqu'aux extrémités du monde, dans une union symbolique, le sentiment de la puissance suprême de Pierre et celui de la douceur virginale d'Agnès.

On représente Sainte Agnès de différentes manières: 1° debout avec un diadème sur la tête et un livre à la main. A ses pieds sont un glaive et la flamme d'un bûcher qui indiquent les deux genres de tourmente qu'elle eut à souffrir. Vêtements riches ; 2° debout tenant une couronne; 3° A genoux et tenant un petit agneau sur un livre; 4° A genoux et près d'elle un agneau; 5° tenant une branche de lys; 6° défendue par un Ange dans le lieu publia, où elle a été exposée. L'ange frappe un jeune homme de mort; 7° recouverte de sa chevelure comme d'un manteau ; 8° brûlée vive; 9° enfin, à Notre-Dame de lourdes de Montréal, on voit une magnifique statue de la Sainte de trois pieds de hauteur. Sainte Agnès y est debout. Elle porte une robe de drap d'or recouverte d'un manteau empourpré de sang. Sur son bras gauche, dont la main est cachée dans les replis de son manteau, elle porte un petit agneau plus blanc que la neige, et, dans la main droite, la palme de son martyre. Ses longs cheveux ondulés, flottant sur ses épaules, rappellent le miracle dont nous avons parlé, et la tête élevée et radieuse de la Sainte ainsi que ses regard, perdus dans les cieux expriment un bonheur ineffable. Sur sa tête, une couronne de lys et de roses rappellent à la fois sa pureté virginale et son martyre. Enfin, on invoque Sainte Agnès contre les périls de la mer. Et son nom, étant au canon de la Sainte Messe, elle y est tous les jours invoquée par le Prêtre au nom de toute l'église.

Partager cet article
Repost0